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INDUSTRIE TEXTILE

Effondrement du Rana Plaza au Bangladesh : les promesses ont-elles été tenues ?

Six mois après l'effondrement du Rana Plaza au Bangladesh, les audits pour améliorer la sécurité dans les usines de textile n'ont pas débuté. Les leçons de l'accident industriel le plus meurtrier du pays n'ont, semble-t-il, pas été retenues.

AFP
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Personne n'a oublié l'effondrement de l'immeuble du Rana Plaza, le 24 avril dernier dans la banlieue de Dacca, dans lequel 1 133 personnes ont trouvé la mort. Personne n'a oublié la prise de conscience qui a suivi sur les conditions de travail des "ateliers de la misère", contraignant les grandes enseignes à s'engager à améliorer les conditions de travail des ouvriers dans les usines de sous-traitance de textile. Et pourtant, six mois après l'accident industriel le plus meurtrier du pays, aucune avancée n'est perceptible.

Un nouvel incendie s’est d'ailleurs déclaré le 8 octobre dans une usine fabriquant des vêtements pour de grandes marques occidentales, dont WalMart, faisant 10 morts et une cinquantaine de blessés. Et le drame aurait, semble-t-il, pu être évité puisque l'usine avait été mise en garde sur plusieurs manquements aux normes de sécurité, comme des extincteurs non conformes et des issues de secours trop étroites. 

Force est donc de constater que pour l'heure, pas une entreprise de textile n’a été inspectée dans le cadre de l'Accord sécurité et incendie, signé en juillet dernier par une centaine d'entreprises européennes et nord-américaines, suite à l'accident du Rana Plaza. Les Pays-Bas, qui co-président le groupe de coordination pour tenter d'améliorer la sécurité dans le secteur textile, a tiré la sonnette d'alarme. “Il n’y a plus de temps à perdre”, a lancé l’ambassadeur néerlandais au Bangladesh Gerben Sjoerd de Jong, le 22 octobre. “Les inspections doivent commencer maintenant”, a-t-il tancé.

Début des inspections le 1er novembre

En théorie, elles devraient commencer dès le 1er novembre, avance Vanessa Gautier, membre du Collectif Éthique sur l’étiquette. "Les entreprises sont en train de former les équipes d'inspection", précise-t-elle. Ces inspecteurs "indépendants et qualifiés" ont été recrutés pour mener des audits dans les usines bangladaises qui sous-traitent pour les enseignes signataires (le Français Carrefour, le Britannique Tesco, l'Italien Benetton, l'Espagnol Inditex [Zara], le Suédois H&M et l'Américain PVH [Tommy Hilfiger et Calvin Klein]). La liste, recensée sur le site officiel Bangladesh Accord, en compte 1 600. 

Le constat n'est pas plus glorieux pour l'Alliance, un autre groupe composé d'une vingtaine d'enseignes uniquement nord-américaines -dont Walmart et Gap- qui a signé une résolution moins contraignante que l'Accord sécurité et incendie. Les inspections dans leurs 620 usines de sous-traitance n'ont pas débuté non plus. Mais le responsable de ce programme, Jeffrey Krilla, se veut serein et affirme qu'elles seront bouclées "d'ici un an".

Par ailleurs, toutes les autres usines de textile -sur les 4 500 que compte le pays - seront à la charge du gouvernement bangladais. Là encore, rien n'a été fait. La liste des usines n'a même pas été dressée...

23 millions d'euros d'indemnités

Beaucoup reste donc à faire pour améliorer les conditions de travail des ouvriers, très en deçà des normes internationales. Des milliers d'entre eux ont manifesté pendant quatre jours en septembre pour réclamer un salaire minimum de 70 euros par mois, bloquant les routes et investissant des usines. Les ouvriers du textile gagnent environ 28 euros par mois au Bangladesh, quand le salaire moyen mensuel tourne autour de 31,80  euros. 

Six mois après le drame du Rana Plaza, il semble difficile de trouver les avancées, même en ce qui concerne l'indemnisation des victimes. Les familles des 1 133 ouvrières et ouvriers décédés ainsi que les blessés attendent toujours un dédommagement financier, rappelle Vanessa Gautier. C'est le cas de Naznin Akhter Nazma, une jeune ouvrière de 21 ans, qui était enceinte au moment du drame et qui a perdu son époux. "Je ne sais pas si je pourrai subvenir aux besoins de mon bébé. Je n’ai reçu aucune indemnisation. Cela fait cinq mois que je ne peux plus payer mon loyer", a-t-elle témoigné auprès d’ActionAid.

L’indemnisation, qui couvre les dommages et intérêts ainsi qu’une pension de long terme pour les familles des personnes décédées et les blessés qui ne peuvent reprendre le travail, est estimée à plus de 54 millions d’euros. Pour l'instant, la contribution des entreprises donneuses atteint plus de 45% du montant total, soit environ 23 millions d’euros. Vanessa Gautier reste optimiste car le fonds d'indemnisations pour les victimes a été créé et assure qu'il "devrait être mis en place dans les prochaines semaines". Mais elle espère surtout que d'autres marques impliquées participeront au fonds, notamment Auchan qui maintient que sa responsabilité dans le drame "n’est pas engagée". 

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