La mode éthique fait sa révolution   

undefined 21 avril 2017 undefined 02h00

Rachel Thomas

Les Parisiens aspirent à un mode de vie toujours plus éco-responsable. On le voit dans l’assiette, dans les objets de la vie quotidienne, et depuis quelques années dans notre garde-robe. La Fashion Revolution Week, du 22 au 30 avril à Paris, milite pour une mode plus transparente et éthique. On a rencontré Nayla Ajaltouni, du Collectif Ethique sur l’Etiquette, et Anaïs Dautais Warmel des Récupérables, deux influenceuses majeures dans le développement de cette mode qui ne demande qu’à être adoptée.           


La Fashion Revolution est en marche à Paris


24 avril 2013. Plus d’un millier de travailleurs trouvent la mort dans l’effondrement du Rana Plaza au Bangladesh. Cet immeuble abritait plusieurs ateliers de confection pour diverses marques dont Mango, Primark, H&M... Une catastrophe qui a alerté le monde entier sur les conditions de travail désastreuses dans de nombreux pays du Sud.

Le Collectif Ethique sur l’Etiquette, qui encourage de nouveaux comportements respectueux des droits de l’homme, lance depuis ce drame chaque année la Fashion Revolution Week. Une semaine dédiée à la mode éthique, appelant tous les citoyens à adopter de nouveaux comportements en faveur des droits de l’homme et de l’environnement.

 ©National Union of Students convertit 100% de son coton en commerce équitable. Ce mouvement marque la première étape du Royaume-Uni vers une chaîne d'approvisionnement de production équitable.


A notre échelle
, il faudrait que l’on « cesse la surconsommation de vêtements à très bas prix très dévastatrice, privilégier une mode moins cheap mais plus respectueuse. La question n’est pas la tendance mais les matières de meilleure qualité. Penser au long terme. », explique Nayla AJALTOUNI (PP du CEE).


Cette année sera placée sous le signe de la loi adoptée en février par le gouvernement français : "le devoir de vigilance". Cette loi oblige toutes les multinationales françaises à prévenir des risques sociaux et environnementaux liés à leurs opérations.

 


« Pour la première fois, on peut être un grand groupe textile et avoir des comptes à rendre. Les multinationales ne pourront plus jouir de l’impunité. C’est une grande avancée, et la Fashion Revolution Week a pour objectif d’expliquer que la loi existe. » 


Le but de cette semaine "anti-fashion" est aussi de montrer les alternatives à tous les addicts de la fringue, à travers la présentation de marques et acteurs éco-responsables, comme Happy New Green, WA-Off, Veja, ou Les Récupérables.

Si la mode éthique reste encore peu accessible aux petits budgets, Nayla se rassure. « Conscient que l’alternative de consommation est limitée, le pouvoir citoyen est illimité. Les actions proposées ont une influence sur les grandes marques, qui eux ont un discours qui change. La pression citoyenne est considérable », insiste-t-elle. 


Les Récupérables, un modèle de slow-fashion


L’anti-gaspi passe aussi par les habits,
et les petits créateurs sont de plus en plus nombreux à l’avoir compris. Comme le fast food, il existe le fast fashion. Et à contre-courant, comme la slow food, il existe la slow fashion. Cette tendance vise à récupérer les vieux vêtements pour leur donner une seconde vie. Après tout, "Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme".

© Photo de Anaïs Dautais Warmel par Lou Sarda

Une des pionnières de cette mode de l'up-cycling à percer dans la capitale s’appelle Anais Dautais Warmel. Avec Les Récupérables, elle dessine des collections à partir de tissus super colorés issus des ressourceries. Un véritable succès né à la Toute Petite Rockette, quand elle gérait la boutique vintage solidaire de la Ressourcerie de la Petite Rockette. 


« C'est là que j'ai côtoyé les tonnes de textile, le rebus du grand engrenage de notre consommation. Pour donner un ordre d'idées, 600 000 tonnes de vêtements sont achetées en France, et seulement un tiers est donné à des assos. Vu de l'intérieur c'est affolant, sachant que désormais la durée de vie d'un vêtement est de 36 jours. »
 


En tant que véritable militante éco-responsable et amoureuse du vintage, la mode éthique n’est même plus une option, c’est une évidence. 

© Lucie Sassiat / Collection printemps 2017


« Je suis tombée en amour très jeune pour le vintage, les vieux tissus, le détournement... et il y a un aspect purement qualitatif, les tissus de l'époque sont vraiment de meilleure facture, l'obsolescence n'était pas encore programmée. » 


Ecolo, oui, mais solidaire aussi. La production des habits est assurée par un atelier de femmes en insertion, qui font un « travail remarquable autant en inclusion sociale qu’en montage de série ».

© Lucie Sassiat / Collection printemps 2017

www.lesrecuperables.com


Les conséquences écologiques de l’industrie textile


Les "Made in China" et autres "Made in Bangladesh"
 sont inscrits sur la plupart des étiquettes, et même si on préférerait l’ignorer, tout le monde sait que la production de nos vêtements se fait dans des conditions souvent déplorables. Mais elle est aussi super mauvaise pour la planète.

© Claudio Montesano


- La plupart des vêtements sont constitués de coton, une des plantes les plus gourmandes en eau. Conséquence : les lacs, les mers et fleuves en Asie se vident.

- Les bandes de coton sont chauffées dans de l’eau contenant divers produits chimiques, puis passées à la centrifugeuse, pour finalement évacuer toute l’eau polluée dans les rivières. Conséquence : tous les poissons disparaissent.

- Non seulement les ouvriers gagnent très peu, mais en plus, ils sont exposés aux produits chimique. Conséquence : de sérieux problèmes sanitaires.


En gros, à nous la parole si on veut voir les choses changer. Entre tables rondes, ateliers et soirées, découvrez tout programme de la Fashion Revolution Week ici.

Petit coup de cœur pour cet événement (plein d'ateliers cool) aux Grands Voisins. 


Fashion Revolution Week

Du 22 au 30 avril
Facebook Les Récupérables