Les tensions sociales restent très vives au Bangladesh, bien que le gouvernement ait décidé, le 13 novembre, d'augmenter de 76 % le salaire mensuel minimum des ouvriers du textile à 68 dollars (50,30 euros). Le pays est deuxième exportateur d'habillement au monde après la Chine.
Plusieurs milliers d'employés de cette industrie ont manifesté, lundi 18 novembre, contre ce salaire qu'ils estiment encore trop faible pour vivre décemment. Et selon les syndicats, les salariés les plus expérimentés ne profiteraient pas de cette hausse, certains patrons d'usines ayant réagi en annonçant une diminution des indemnités de transport et de repas.
Deux employés sont morts au cours de heurts avec la police et, selon l'association des fabricants et exportateurs de textiles du pays, 140 usines ont fermé.
Des scènes de violence ont éclaté à Ashulia, dans la banlieue de Dacca où sont installées les usines – on y travaille pour Walmart, H & M, Gap, Eagle Outfitters… D'autres incidents ont eu lieu à Gazipur, au Nord de la capitale. C'est là que les policiers ont ouvert le feu sur des employés qui sortaient de l'usine GMS Composite Knitting Industry, causant la mort de deux d'entre eux et en blessant une trentaine.
Les rémunérations des ouvriers du textile au Bangladesh sont les plus basses de toute l'Asie, à l'exception de la Birmanie (53 dollars).
Selon l'Organisation internationale du travail (OIT), le salaire moyen est aujourd'hui plus élevé en Inde (71 dollars), au Sri Lanka (73), au Vietnam (78), au Pakistan (79) ou au Cambodge (80).
Au Bangladesh, où l'inflation est à deux chiffres, les syndicats demandaient un relèvement du salaire minimum à 103 dollars par mois. « C'est le niveau en deça duquel les salariés ne vivent plus dans des conditions dignes », dit Nayla Ajaltouni de l'ONG Collectif éthique pour l'étiquette.
« L'IMPATIENCE ET LA COLÈRE »
« L'impatience et la colère sont légitimes. Si la hausse de salaire est une bonne chose, ces ouvriers restent parmi les moins payés du monde. De plus, elle ne s'appliquera qu'aux salaires de base », ajoute-t-elle.
Elle condamne la répression policière utilisée à l'encontre des manifestants et a reçu des informations selon lesquelles certains patrons d'usines, tout puissants, empêchaient les ouvriers de sortir pour aller manifester. Quitte à faire appel à des policiers pour ne pas stopper la production.
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